Manuel de la neuvième révision

Conventions utilisées dans la table analytique

Dans la table analytique il est fait un usage spécial de signes typographiques (parenthèses, crochets, deux points) qu'il convient de bien interpréter. Quand il s'agit d'inclure une autre appellation possible ou une explication, on a recours aux crochets [...] dont c'est le rôle normal. Les parenthèses (...) servent à enserrer des mots supplémentaires qui peuvent ou non figurer dans l'énoncé d'un diagnostic sans pour autant modifier le numéro de référence qui lui est assigné. Les noms de maladie suivis de deux points [:] sont incomplets en eux-mêmes, mais doivent être complétés par des termes qui suivent, pour pouvoir être classés à la rubrique considérée. La mention « SAI » est l'abréviation de « sans autre indication » et équivaut pratiquement à : non spécifié, non précisé, ou sans précision.

L'exemple suivant illustre l'application de ces conventions. La rubrique 464.0, laryngite aiguë est ainsi rédigée :

Laryngite (aiguë):
SAI
à Haemophilus influenzae [H. influenzae]
œdémateuse
à pneumocoques
septique
suppurée
ulcéreuse

Cela signifie que l'on rangera dans cette rubrique la laryngite, avec ou sans l'adjectif « aiguë », que l'expression soit isolée ou accompagnée de l'une des précisions suivantes: à Haemophilus influenzae [qui s'écrit également H. influenzae], oedémateuse, à pneumocoques, septique, suppurée ou ulcéreuse. Les laryngites grippale, streptococcique, diphtérique, tuberculeuse et chronique se trouveront à d'autres rubriques.

Double classement de certains diagnostics

La neuvième révision de la CIM comporte une innovation: elle prévoit deux numéros de code pour certains diagnostics qui contiennent des éléments d'information d'une part sur une manifestation morbide ou une complication localisée, d'autre part sur un processus pathologique initial plus général. L'un de ces numéros - signalé par une dague †
- celui qui a trait à la cause initiale, est rangé dans la partie de la classification où le diagnostic considéré trouve sa place conformément aux principes habituels de la CIM, et l'autre - désigné par un astérisque (*) - est rangé dans le chapitre relatif à l'appareil auquel se rapporte la manifestation ou la complication en cause. Ainsi, la méningite tuberculeuse possède un numéro marqué d'une dague dans le chapitre réservé aux maladies infectieuses et parasitaires, et un numéro marqué d'un astérisque dans le chapitre réservé au système nerveux.

La nécessité de procéder ainsi est née du désir de divers spécialistes en médecine et en statistiques sanitaires de voir certaines manifestations, qui constituent en propre des problèmes médicaux, classées dans les chapitres relatifs à l'appareil correspondant. La CIM range traditionnellement dans des chapitres spéciaux les maladies générales et les infections susceptibles de toucher plusieurs parties de l'organisme, et assigne normalement une même place à leurs manifestations, de sorte que, jusqu'à présent, la méningite tuberculeuse ne pouvait être classée que dans le chapitre des maladies infectieuses et parasitaires.

Les rubriques marquées d'une dague ou d'un astérisque constituent en fait d'autres emplacements de la classification destinés à recevoir l'indication des maladies pertinentes, ce qui permet d'effectuer des deux points de vue le relevé ou l'analyse statistique des données. Il est cependant un principe de la CIM qui veut que la dague désigne le code primaire et que l'astérisque indique le code secondaire ; de ce fait, il importe, lorsque l'on désire se servir de l'astérisque et que les deux codes sont employés, d'utiliser un signe spécial ou un emplacement prévu d'avance dans le document indexé pour déterminer quel est le code désigné par une dague et quel est celui qui est désigné par un astérisque pour la même affection.

La neuvième révision a adopté pour règle de prévoir une rubrique affectée d'un astérisque dans les cas suivants :

  1. lorsque la manifestation pathologique ou la complication en cause représente un problème propre, et que son traitement relève normalement d'une spécialité différente de celle qui s'occuperait de la maladie initiale, et
  2. lorsque les indications portant à la fois sur cette manifestation et sur la maladie initiale sont habituellement contenues dans une seule formulation diagnostique (telle que « rétinite diabétique »), ou
  3. lorsque la rubrique correspondant à la manifestation en cause comprend des subdivisions en fonction de l'étiologie - ainsi l'arthropathie, dans laquelle les subdivisions se rapportent à de vastes groupes de causes.

Il existe d'autres combinaisons maladie initiale-manifestation qui n'engendrent pas de difficultés de chiffrement ou de relevé et qui n'ont, pour ce motif, pas été incorporés dans le système de la «dague+ et de « l'astérisque » En voici des exemples:

  1. les cas où les deux éléments sont habituellement rapportés sous forme de diagnostics séparés et qui peuvent être traités simplement en attribuant à chaque terme un numéro distinct, par exemple certains types d'anémies secondaires à d'autres maladies ; or, la classification des anémies repose généralement sur leur type morphologique et non sur leur cause.
  2. es cas où la manifestation envisagée appartient à la maladie initiale et n'est pas considérée comme un problème médical distinct. En voici quelques exemples: le choléra, la dysenterie, etc. qui figurent dans le chapitre des maladies infectieuses et parasitaires, ne possèdent pas de rubrique marquée d'un astérisque dans le chapitre consacré à l'appareil digestif; les manifestations vénériennes touchant la partie basse de l'appareil génito-urinaire sont portées au chapitre des maladies infectieuses et parasitaires mais n'ont pas de rubrique à astérisque dans le chapitre consacré aux maladies des organes génito-urinaires, contrairement à la salpingite et à l'orchite gonococcique.
  3. les cas où la CIM classe traditionnellement la maladie en question d'après sa manifestation, par exemple les anémies par déficit enzymatique.

Les parties de la Classification auxquelles s'applique l'utilisation de la dague et de l'astérisque sont peu nombreuses; il existe environ 150 rubriques dans lesquelles on trouve des termes accompagnés soit de l'un soit de l'autre de ces signes. Elles peuvent se présenter sous trois formes différentes:

  1. le signe † ou * et le deuxième numéro de code apparaissent tous deux dans le titre de la rubrique ; tous les termes pouvant être classés dans celle-ci sont alors soumis à une double classification et possèdent tous le même deuxième numéro, par exemple :

 

049.0† Chorioméningite lymphocytaire (321.6*)

Méningite lymphocitaire (séreuse)
Méningoencéphalite lymphocytaire (séreuse)

321.2* Méningite à ECHO virus ( 047.1†)

Syndrome méningo-éruptif

  1. le signe apparaît dans le titre mais non le deuxième numéro; tous les termes classables dans la rubrique en question sont alors soumis à une classification double mais possèdent des codes de remplacement différents (qui sont énumérés pour chaque terme), par exemple:

(Exemple : 074.2† Cardite à virus Coxsackie)

420.0* Péricardite au cours de maladies classées ailleurs

(Exemple : 420.0* Péricardite au cours de maladies classées ailleurs)

  1. ni le signe ni le deuxième numéro n'apparaît dans le titre; la rubrique dans son ensemble n'est pas soumise à double classification, mais certains termes à inclure peuvent l'être; dans ce cas, ces termes comportent le signe et leur code de remplacement, par exemple:

 

78.5 Maladie des inclusions cytomégaliques

Hépatite virale à inclusions cytomégaliques †(573.1*)
Maladie virale des glandes salivaires

424.3 Affections de la valvule pulmonaire

Régurgitation pulmonaire : SAI

syphilitique* (093.2†)

L'utilisation du classement par astérisque est entièrement facultative et ne doit jamais servir à coder la cause initiale de la maladie (on n'emploiera que la dague dans ce but), mais il pourra être utilisé pour les classifications ayant trait à la morbidité et celles qui concernent des affections multiples, qu'il s'agisse de morbidité ou de mortalité. La publication d'un tableau de fréquence fondé sur le classement par le système de l'astérisque, qu'il soit établi d'après la liste détaillée ou l'une des listes abrégées, devra toujours comporter clairement la mention: « D'après le système de classement par astérisque de la CIM »

Rôle du Code E

Comme l'explique le Rapport de la Conférence internationale pour la neuvième révision (voir paragraphe 1.3 (iii), p. XV), le Code E constitue à présent une classification supplémentaire pouvant être utilisée, si on le désire, pour coder des facteurs extérieurs liés à des états morbides rangés dans une partie quelconque de la classification principale. Pour la mise en tableau, par entité unique, de la cause initiale de décès, on emploiera toutefois le code E comme code principal lorsque l'état morbide peut être classé dans le chapitre XVII (lésions, traumatismes et empoisonnements), mais seulement dans ce cas.

Solutions de continuité dans le système de chiffrement

On notera que certains numéros n'ont pas été utilisés, ménageant ainsi des lacunes dans le système numérique. La raison en est le désir d'éviter des modifications inutiles dans les rubriques familières aux chiffreurs qui ont utilisé la huitième révision. Par exemple, gangrène (rubrique 445 dans la huitième révision) a été déplacée à 785.4; pour éviter d'avoir à changer les numéros de code des rubriques 446 (Polyartérite noueuse et affections apparentées), 447 (Autres maladies des artères et artérioles) et 448 (Maladies des capillaires), on a préféré ne pas employer le numéro 445 dans la neuvième révision.

Glossaire des troubles mentaux

Un glossaire décrivant et définissant le contenu des rubriques qui figurent dans le Chapitre V (Troubles mentaux) a fait l'objet d'une publication séparée de la huitième révision de la Classification internationale des Maladies. Dans la neuvième révision, le glossaire a été incorporé dans la Classification elle-même (voir pages 173-214).

Les descriptions données dans le glossaire ne sont pas destinées à venir en aide au codeur étranger à la médecine, qui devra chiffrer n'importe quel diagnostic indiqué dans un document médical conformément aux dispositions de la Table analytique et de l'Index alphabétique. Leur but est de faciliter le travail de la personne qui pose le diagnostic; celle-ci devra le formuler en se fondant sur les descriptions plutôt que sur les titres des rubriques, dont le sens peut être variable d'un endroit à l'autre.